Parler en psychanalyse

Freud, l’inventeur de la psychanalyse, a pensé sa méthode dans la perspective d’éviter le recours à la suggestion, très présente dans les pratiques thérapeutiques de l’époque. En effet lorsque l’on suggère à quelqu’un de faire ceci ou cela pour guérir, ou bien que son problème est lié à tel ou tel comportement, on le met inévitablement dans une forme de dépendance, voire d’emprise, dont il pourra avoir du mal à se déprendre.

La cure analytique est donc construite et conduite autour de cette idée : éviter la prise de pouvoir de l’un sur un autre. Bien sûr, une certaine influence continue d’être à l’œuvre, car en matière de relation humaine, la neutralité parfaite est improbable. Le psychanalyste le sait et reste vigilant sur ce point.

Comment ça se passe ?

Un des moyens utilisés pour mettre en marche le travail analytique est l’association libre. Il est demandé au patient de dire spontanément ce qui lui vient en tête : que ce soit un moment vécu, un souvenir, une pensée, une sensation… Avec ces éléments, lui-même et le psychanalyste vont entreprendre une nouvelle lecture de son histoire, de sa manière d’être, ses attitudes et comportements, ses relations aux autres.

La cure analytique repose essentiellement sur le mode verbal et fait appel au langage : il s’agit de parler à un autre dont le métier est d’entendre et d’adresser un retour aux propos entendus.

Ce retour dépasse le simple écho, il restitue également des paroles qui ne sont pas explicites. En effet, un psychanalyste sait entendre ce que son patient ne dit pas explicitement, mais qui est néanmoins présent car contenu dans le discours formulé. Il pourrait lire du texte qui serait écrit dans les interlignes.

L’avantage de travailler avec quelqu’un qui peut entendre à ces deux niveaux : explicite et implicite, est de pouvoir entendre soi-même tout ce que l’on dit, ce que l’on ne dit pas mais que l’on voudrait tant pouvoir dire, etc. La psychanalyse conduit à cela : pouvoir dire ce que l’on a à dire.

Le langage est une donnée fondamentale de l’humain, c’est ce qui le différencie de l’animal. En parlant, à d’autres et avec d’autres, l’individu s’inscrit dans sa réalité humaine. Ses paroles sont le support de son identité et de sa conscience d’être au monde. Lorsqu’elles sont bloquées, bridées, convenues, dictées, éclatées, elles contraignent sa relation à l’environnement et l’être humain peut aller mal.

Lorsque la parole est libre, authentique, cohérente, l’humain occupe sa place dans le monde, en relation avec les autres, et la plupart du temps il s’y trouve bien.