Divan de Freud at Maresfield Gardens

Freud en son divan

Pour voir le célèbre sofa recouvert d’indiennes et de cachemires, le voyage à Londres sera nécessaire. L’on s’acheminera patiemment vers le très chic quartier de Hampstead. Après avoir emprunté deux ou trois lignes de bus, juché sur l’impériale comme il se doit pour un touriste, notre patience sera récompensée : loin du centre ville bruyant, les demeures en briques rouges, leurs jardins verdoyants, l’aisance tranquille de leurs habitants, nous enchanteront.

La maison où Freud vint mourir, n’a rien à envier à ses voisines : pelouse grasse, rosiers généreux, hydrangeas florissants. Comme si nous étions le voisin, ou le facteur, ou un vieux patient, nous sonnons. Le bonhomme qui nous ouvre, n’a rien d’un descendant des disciples de Freud, ni d’un psychanalyste, juste un vieux gardien revêche. Malgré notre anglais de base, certes not fluent, mais ayant fait ses preuves dans d’autres musées britanniques, nous ne nous comprenons pas. Aussi, en l’absence de mode d’emploi de ladite maison, nous nous surprenons à en entreprendre la visite sans passer par la case billetterie…

Dans l’ancien bureau du maître, on s’immobilise, voire on se recueille. Au demeurant, les rideaux tirés, bien que nous confisquant la vue sur le jardin, nous y incitent. En silence nous contemplons les statuettes, peut-être les comptons, scrutons les photos agencées sur les murs pour tenter de reconnaître des visages, et, surtout, nous sommes venus pour cela, nous pénétrons de l’ambiance, nous imaginons allongés là, sur le divan des origines.

Raté ! l’imagination se dérobe, il faudrait trop d’efforts pour entrer dans le scénario espéré. La mise en scène est trop parfaite, trop léchée, surfaite : Le stylo sur le bureau, négligemment (?) jeté en travers d’une feuille de papier à en-tête, jouxtant L’étui à lunettes ouvert, quelques livres abandonnés là qui auraient été feuilletés, et, surtout, ce creux savamment aménagé sur les coussins du divan… On n’y croit pas, c’est … sinistre !

A l’étage, le cabinet d’Anna, clair et aéré, les fenêtres donnent sur le jardin, les objets sont également savamment agencés, on s’étonne d’un vieux téléphone en ébonite, ordinaire, rien ici ne mérite que l’on s’attarde. En redescendant on aperçoit une salle de lecture, quelqu’un semble y travailler, la pièce à l’arrière de la maison abrite une boutique, des livres, des cartes postales, des tapis de souris imitation tapis persan, des crayons griffés « Freud ».

Fuyons ! Revenons à la rue paisible, avec ses jardins soignés, la prospérité tranquille du quartier, revenons de plein pied dans notre siècle, celui d’une psychanalyse affranchie des sanctuaires, vivante. Partons sans nous retourner, partons sans payer !

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